En
1911 eut lieu la première édition du plus ancien et du plus
prestigieux des rallyes. Il est intéressant de revenir sur sa
genèse. L'automobile, fruit des inventions de géniaux
inventeurs, était considérée à ses débuts comme une
invention sans réel avenir, tout juste destinée à de jeunes
oisifs casse-cous et dangereux pour les passants et les animaux.
Malgré cela, grâce aux efforts de marques pionnières, telles
que, en France, De Dion Bouton, Panhard et Levassor, ou encore
Peugeot, et au travers des premières compétitions,
l'automobile marqua les esprits et fonda une nouvelle industrie.
Les voitures sans chevaux, à force de perfectionnements,
finirent par séduire une clientèle d'acheteurs fortunés.
L'automobile était alors un objet de luxe.
Le rallye de
Monaco allait naître de la rivalité entre Nice et la
principauté. Nice attirant de plus en plus de personnes aisées
pendant la saison hivernale, la situation hôtelière de Monaco
devenait critique durant cette période. Le succès de la course
Paris-Nice donna l'idée au monégasques de créer un concours
d'élégance automobile, afin d'attirer une clientèle riche
possédant ces véhicules. C'est pourquoi la date de janvier est
retenue: le concours frappera l'opinion, les journaux parleront
du cadre enchanteur du célèbre rocher, de son beau soleil, ce
qui provoquera un afflux de touristes.
Afin de
démarquer son concours, l'organisation eut l'idée de créer
une épreuve routière, chaque concurrent se rendant d'une
importante ville européenne à Monaco au moyen de son véhicule
de tourisme. Cette idée avait de nombreux attraits :
- Les autres
grandes épreuves, telles que le Paris Berlin, ou la Targa
Florio, étaient disputées par de véritables véhicules de
course étudiés pour l'occasion. Le rallye de Monaco était lui
disputé par des véhicules de tourisme rarement habitués à de
longs trajets hors des villes.
- Chaque
concurrent devait poser une plaque portant lisiblement la notion
"Rallye automobile Monaco", ce qui permettait de faire
de la publicité pour la principauté dans les principales
villes d'Europe. Accessoirement, la plaque de rallye était
née!
A noter que le
rallye doit beaucoup à l'énergique Anthony Noghès, alors
âgé de vingt ans et fils du président du "Sport
Vélocipédique et Automobile de Monaco", ainsi qu'à
maître Gabriel Vialon, qui s'inspira de courses cyclistes de
concentration italiennes.
La notion de
rallye de l'époque n'a absolument rien à voir avec le rallye
moderne. Il faut déjà réaliser que le simple fait de
traverser l'Europe et ses arrière-pays mais aussi ses grands
axes était déjà en soi un exploit, car les routes n'étaient
pas carrossables comme aujourd'hui, beaucoup de chemins étaient
en terre, les ornières sévissaient, et la DDE n'existait pas
encore. Sans parler des passages à la frontière souvent
délicats. Il faut aussi dire que les automobiles de l'époque
était moins nombreuses, inconfortables, voire carrément
dangereuses par rapport à nos voitures actuelles.
Le rallye lui
même ne se déroulait pas du tout comme aujourd'hui: tout
d'abord, aucune notion de temps scratch! Et ne perdons pas de
vue que le rallye est aussi un concours d'élégance et de
confort. Sur les premières éditions, pas de parcours commun,
uniquement la concentration. La vitesse horaire moyenne était
limitée sur l'ensemble du parcours à 25 km/h. Le classement
général était établit par un jury de façon assez...
compliquée. Même le jury ne devait pas tout comprendre du
règlement. Est déclaré vainqueur celui qui aura le plus de
points, sachant que les points sont attribués ainsi:
- 1 point par
km/h avec un plafond de 25 km/h
- 1 point pour
100 km parcouru
- 2 points par
personne transportée, y compris le mécanicien, mais à
l'exclusion du chauffeur
- 0 à 10
points pour le degré de confort des personnes transportées,
les bagages étant un élément d'appréciation!
- 0 à 10
points pour l'élégance de la voiture
- 0 à 10
points pour l'état du châssis à l'arrivée
- 0 à 10
points pour la propreté de la carrosserie
Pour la
première édition en 1911, il y eut 23 engagés, c'est à dire
beaucoup moins que ce qu'espérait l'organisateur. Seulement 20
furent au départ, et tout de même 18 à l'arrivée, ce qui est
le meilleur ratio partants/arrivés de toute l'histoire du
rallye!
Les
Itinéraires:
Genève: 670
km, 2 voitures
Paris : 1020km,
9 voitures
Boulogne sur
mer : 1272km, 1 voiture
Vienne : 1319
km, 2 voitures
Bruxelles :
1310 km, 4 voitures
Berlin :
1700km, 2 voitures